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christophe boutin - Page 4

  • La France bleu-blanc-jaune !...

    Le mensuel conservateur L'Incorrect sort un numéro hors-série consacré à la révolte des Gilets jaunes. On y trouvera à côté des entretiens avec Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan ou Robert Ménard, des articles d'humeur ou d'analyse. Une initiative à saluer ! ...

    Le sommaire complet est disponible ici.

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  • Ces Français qui ont fait la France...

    Le numéro 11 du mensuel L'Incorrect est arrivé en kiosque. On peut y trouver un dossier consacré aux Français qui ont fait la France, avec, notamment, des textes de Frédéric Rouvillois, de Christophe Boutin, de Vincent Coussedière et de Gabriel Robin, ainsi que les pages "L'époque", "Monde", dirigées par Hadrien Desuin, "Reportages",  "Les essais" et "Culture"... A ne pas manquer, la chronique toujours grinçante de Yrieix Denis, "Vous n'aurez pas ma haine"...

    Le sommaire complet est disponible ici.

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  • Le conservatisme, une idée à la mode ?...

    Le 5 février 2018, Martial Bild recevait, sur TV libertés, Frédéric Rouvillois et Christophe Boutin, à l'occasion de la sortie du Dictionnaire du conservatisme (Cerf, 2017), dont ils ont dirigé la publication avec Olivier Dard.

    Professeur de droit public à l’université Paris-Descartes, Frédéric Rouvillois est l'auteur de plusieurs ouvrages d'histoire des idées comme Histoire de la politesse (2006), Histoire du snobisme (2008),  tous deux disponibles en format de poche dans la collection Champs Flammarion, ou L’invention du progrès (CNRS éditions, 2010) et plus récemment, Être ou ne pas être républicain (Cerf, 2015).

    Professeur de droit constitutionnel, Christophe Boutin est notamment l'auteur d'un essai intitulé Politique et tradition (Kimé, 1992), consacré au penseur traditionnaliste italien Julius Evola.

     

                                       

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  • Les snipers de la semaine... (150)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Polémia, Ivan Blot rafale Florian Philippot qui, aussitôt parti du FN, donne des gages à l'oligarchie...

    Philippot ou Narcisse, star de l’oligarchie

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    - sur L'Incorrect, Christophe Boutin dézingue les parvenus de la super-classe, choyés par le pouvoir en place...

    La défiscalisation du parvenu

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  • Une manif ? Non Sire, une révolution !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Christophe Boutin, cueilli sur Causeur et consacré au succès de « La manif pour tous ».

    Professeur de droit constitutionnel, Christophe Boutin est notamment l'auteur d'un essai intitulé Politique et tradition (Kimé, 1992), consacré au penseur italien Julius Evola.

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    Une manif ? Non Sire, une révolution !

    Devant le succès de la « manif pour tous », certains évoquent une « droitisation » de la société, à l’opposé du mouvement sinistrogyre évoqué par les analystes de science politique. Rappelons que cette tendance désigne la dérive de la gauche vers la droite d’hommes, de thématiques ou de partis. Parce que de nouveaux mouvements plus radicaux naissent continuellement à gauche, ils repousseraient vers la droite les anciens qui semblent en comparaison de plus en plus modérés. De la même manière, des thématiques nées à gauche seraient ensuite chassées à droite par l’apparition de celles qui prônent une rupture plus violente. Quant aux hommes politiques, ils suivraient partis et idéologies dans cette évolution.
    Pourtant, l’analyse de l’évolution actuelle met en doute cette évolution pour en suggérer une plus forte encore.
    Il ne s’agit pas, d’abord, d’une évolution d’un personnel politique chassé de la droite vers la gauche : on attend toujours les ralliements au PS d’anciens membres de l’UMP.
    Aucun parti n’a été poussé sur sa gauche par l’émergence d’une nouvelle force à droite ou à l’extrême droite. Pour prendre cet exemple évident, l’UMP a simplement dû partager une partie de sa base électorale avec le Front National. Pour cela, il a d’abord tenté la tactique du « front républicain », avant de choisir une stratégie plus efficace « ligne Buisson ». Contrairement à ce qui peut être écrit ici ou là, cette dernière ne conduit pas à adopter un discours d’extrême droite, mais à retrouver les thématiques classiques de la droite, abandonnées sous Chirac.
    Il n’y a pas non plus de radicalisation de l’extrême droite, pas d’apparition de discours prônant une « seconde révolution », et l’on peut même se demander si une partie du succès du FN « mariniste » n’est pas dû à une certaine « gauchisation » sur des thématiques de société.
    Au lieu de dénoncer la « lepénisation des esprits », quand certaines thématiques, touchant au fait national ou à l’identité sont – parfois – réintégrées au corpus de la droite « républicaine », la gauche devrait voir plus loin, car les patriotes dépassent très largement la légion des électeurs du FN et de l’UMP. Quant à l’antiparlementarisme, dans lequel on dénonce la résurgence des ligues de l’entre-deux guerres, il est aussi bien porté par Marine Le Pen que par Jean-Luc Mélenchon. D’où viendrait alors cette communauté de pensée ?
    Nous pourrions voir la fin d’une vieille division héritée de la Révolution française. Si, aujourd’hui, le médecin de Versailles et le paysan du Larzac, l’ouvrier du Nord et le notaire marseillais, se retrouvent d’accord sur le terrain des bases nécessaires à notre société, c’est peut-être qu’une approche commune les rassemblait. Certes, on parlait plus de « nation » à droite et de « peuple » à gauche, et l’on s’appelait « compagnon » à droite et « camarade » à gauche. Pour autant, à droite comme à gauche, nul ne remettait en cause socle minimum des valeurs fondamentales structurant la société. Il y avait la même recherche d’appartenance à des groupes sociaux cohérents et structurants, la famille avant tout, le groupe élargi ensuite, qui peut être territorial avec la commune, professionnel avec l’usine, national même, mais qui dans tous les cas perdurait de manière quasi-identique depuis des siècles. Sur le plan de la famille par exemple, à part quelques hippies à gauche et quelques libertins à droite, personne ne remettait en cause sa nécessité ou sa structure classique, on oserait dire patriarcale, reposant sur un couple hétérosexuel.
    Or ces structurants identitaires, touchant à l’essence même de notre société, sont actuellement perçus par nombre de Français comme menacés à brève échéance de disparition. Et on assiste actuellement au sursaut d’un même peuple, de droite ou de gauche, qui prend conscience qu’il peut disparaître demain.
    Bien sûr, la France qui défile actuellement à Paris, semble être plus « traditionnelle » qu’autre chose, tout juste sortie de la messe de onze heures. Mais contrairement aux ouvriers, petits employés et paysans, cette France a encore les moyens de se déplacer ; elle a l’accès aux médias alternatifs qui lui permettent de se fédérer ; elle ne regarde souvent plus la télévision ; enfin elle n’a pas subi deux siècles de matraquage idéologique destiné à la dresser contre une autre partie de la population. La France qui ne défile pas la rejoint dans les sondages en dénonçant elle aussi une certaine classe politique, accusée d’avoir trahie une identité bien plus profonde que l’appartenance à la classe sociale.
    Dans les temps de crise que nous vivons, des temps où c’est la survie même du groupe d’appartenance qui est en jeu, l’homme hiérarchise ses priorités de manière différente. Aussi, peut-être y a-t-il dans le mouvement actuel quelque chose de novateur…et de révolutionnaire. À droite comme à gauche, certains prennent conscience que, derrière les mots utilisés pour dresser deux Frances l’une contre l’autre, il y avait des vécus familiaux semblables, des réalités culturelles identiques, des souvenirs partagés, une histoire commune, bref cette base que Renan considérait comme absolument indispensable à la définition d’un vouloir-vivre ensemble. Malgré une pression, s’ils ne savent pas encore bien ce qu’ils veulent, tous ces Français si divers semblent avoir par contre une idée claire de ce qu’ils ne veulent pas.
    Ce que nous avons sous les yeux n’est pas un glissement idéologique mais l’ultime surgissement, à gauche comme à droite, d’un continent englouti.

    Christophe Boutin (Causeur, 26 avril 2013)

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  • Cliver ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Christophe Boutin, cueilli sur Causeur et qui rappelle que le combat politique passe par l'affirmation ou la création de clivages...

    Professeur de droit constitutionnel, Christophe Boutin est notamment l'auteur d'un essai intitulé Politique et tradition (Kimé, 1992), consacré au penseur italien Julius Evola.

     

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    Le discours clivant, dernier refuge du politique

    Lors de l’élection présidentielle puis pendant la double campagne interne à  l’UMP (pour la présidence et l’organisation du parti en courants), un terme est revenu sous la plume des commentateurs, celui de « discours clivant ». Une expression régulièrement invoquée pour dénigrer, car le discours clivant serait politiquement irresponsable et peu à même de proposer des éléments de réponse aux maux dont nous souffrons. Il jetterait au contraire de l’huile sur le feu de nos conflits sociaux, rendant impossible toute « réconciliation » entre les forces en présence. En stigmatisant par exemple telle ou telle catégorie d’une population dont les différences ne font qu’enrichir la France, il séparerait artificiellement des communautés qui ne demandent qu’à vivre en paix. Bref, que l’on se place au niveau politique ou social, le discours clivant serait à l’opposé des règles de fonctionnement d’une « démocratie apaisée », le consensus et la gouvernance, et totalement décalé par rapport aux impératifs du monde moderne.

    Une fois cette constatation faite, la question se pose de savoir qui décide qu’un discours est clivant, et pourquoi. Qui ? Essentiellement la classe politico-médiatique majoritaire, puisqu’il s’agit d’une hétéro-définition. Et c’est d’ailleurs le premier élément du « pourquoi » : un discours est décrété clivant dès lors qu’il émerge nettement du bruit de fond médiatique ambiant. Il rompt ce faisant avec un accord tacite censé exister sur ce qui sépare, d’une part, ce qui peut « librement » se dire ou s’écrire et, d’autre part, ce que l’on ne devrait jamais s’autoriser à formuler – et sans doute même pas à penser. Il brise ce pseudo-consensus qui est garanti, en dehors même de toute sanction pénale – même si celle-ci est de plus en plus fréquente -, par une sanction sociale qui interdit l’expression de toute pensée originale. C’est ce qu’avait parfaitement décrit Alexis de Tocqueville évoquant la démocratie américaine : « la majorité trace un cercle formidable autour de la pensée. Au-dedans de ces limites, l’écrivain est libre ; mais malheur à lui s’il ose en sortir »1. C’est ainsi que dans la France de 2012 on a parfaitement le droit d’être à droite… sous réserve de penser comme la gauche et de le dire haut et fort.

    Pourtant, au vu de l’efficacité de ce type de discours (remontées spectaculaires de Nicolas Sarkozy et de Jean-François Copé, place de la motion de la « Droite forte » à l’UMP ou, de l’autre côté de l’échiquier politique, relatif succès de Jean-Luc Mélenchon), on peut penser que nombre de nos concitoyens ne se sentent plus concernés par le village Potemkine médiatique censé représenter les réalités françaises. La majorité ne serait peut-être pas là où on la prétend et le fameux « consensus » bien fragile. C’est d’autant plus vrai que la mièvrerie qui dégouline à longueur d’éditoriaux cache en fait une agression permanente clairement ressentie comme telle par une part grandissante de la population. Ce discours résolument « moderne » est en effet à l’opposé des valeurs traditionnelles du corps social, niant par exemple son histoire ou sa culture. Il n’est certes pas « clivant » par rapport au bruit de fond médiatique, puisqu’il le génère ou s’y complaît, mais il l’est par rapport à un sentiment identitaire sans lequel toute construction politique est impensable, et qu’il n’a pas réussi à éradiquer malgré la tentative de déculturation de notre société.

    L’autre élément de définition du discours clivant vient de ce qu’il précise clairement ce que désire son auteur, mais aussi ce qu’il ne veut pas. Il ose présenter un Autre, c’est-à-dire un choix politique différent, opposé, inconciliable même. L’une de ses caractéristiques essentielles est donc de remplir pleinement le rôle premier du politique selon Carl Schmitt : la distinction de l’ami et de l’ennemi. Or un politique qui se déroberait à cette tâche nierait ce qui fait l’essence même de sa fonction : sa capacité à présenter un vouloir-vivre ensemble qui ne peut s’adresser qu’à un groupe clairement défini et délimité – sauf à être totalement inopérant, réduit à un plus petit dénominateur commun qui ne peut « faire société ». Définir un « ennemi » permet de se construire et d’assumer des choix. Et la démocratie repose sur la nécessaire ritualisation d’un conflit par définition « clivé », et non dans un débat édulcoré entre le même et le même

    Or la gouvernance actuelle édulcore la confrontation politique quand elle ne l’exclut pas. Loin de permettre au peuple souverain de trancher entre les choix présentés, elle justifie ses diktats par une pseudo nécessité de la modernité, perceptible seulement par quelques rares élites qui auraient dès lors un droit naturel à l’imposer à tous. Et pour faciliter les choses le discours médiatique dominant exclut sans autre procès que d’intention, soit en les niant soit en les caricaturant, les « clivants » et les « politiques » au profit des « modérés » et des « gestionnaires ». Pour souterraine qu’elle soit, cette violence est bien plus dangereuse pour ses victimes potentielles que celle qui peut résulter de l’affirmation politique d’identités contraires. Benjamin Constant avait parfaitement décrit au XIXème siècle le fonctionnement de nos clercs modernes : « Ils discutent, comme s’il était question de convaincre ; ils s’emportent, comme s’il y avait de l’opposition ; ils insultent, comme si l’on possédait la faculté de répondre. Leurs diffamations absurdes précèdent des condamnations barbares ; leurs plaisanteries féroces préludent à d’illégales condamnations »2

    Parce que le discours clivant retrouve une nécessité de l’action politique, et parce qu’il rejoint des valeurs qui n’ont pas totalement été éradiquées du corps social, il continuera à séduire une part grandissante de l’électorat… si du moins celui-ci souhaite prendre en main son destin et affirmer ses valeurs. « Se faire des amis, écrivait Montherlant, c’est un devoir de commerçant. Se faire des ennemis, c’est un plaisir d’aristocrate. » Quoi qu’on en dise, la guerre entre les deux visions du monde n’est pas prête de se terminer.

    Christophe Boutin (Causeur, 11 décembre 2012)

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